Claude
& Flo
Espace Temps

samedi 06 décembre 2008

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L’espace d’un temps

(Il est conseillé de lire les annexes, avant de commencer la lecture de l’article)

Ils sont drôles les astrophysiciens, avec leur espace temps ! L’espace temps à quatre dimensions ! Pour les trois dimensions d’espace habituel, haut et bas, droite et gauche, avant et arrière, c’est facile à comprendre. Mais pour la quatrième dimension, le temps, c’est une autre affaire !

Je sais mesurer dans l’espace : Je prends mon mètre étalon et, en le promenant dans l’espace, je peux le comparer avec les objets ou distances à évaluer. Par contre, on a bien fouillé dans tous les tiroirs et sous les armoires au pavillon de Breteuil, on n'a pas trouvé de seconde étalon, en platine iridié !

On pouvait s’y attendre, le temps n’étant pas matériel, il était difficile d’en faire une représentation concrète.

Nos chers penseurs de la Grèce antique pensaient que le temps c’était le mouvement. Le temps était comme créé par la rotation de la sphère des fixes. Plus tard vint la définition de l’heure, de la minute puis de la seconde. La définition de la seconde fut établie comme la 1/86400ème partie du Jour (24x60x60=86400). Le Jour étant la durée d’une rotation terrestre (synodique, pas sidérale), toujours le mouvement pris pour mesurer le temps.

Par la suite, on a utilisé le mouvement du balancier pour avoir l’heure de façon plus commode. De nos jours, nous ne sommes pas plus avancés, la mesure du temps est officiellement la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l'état fondamental de l'atome de césium 133. En utilisant une technologie très avancée, nous avons donc une mesure d’une précision énorme mais la philosophie reste la même, nous avons toujours une mesure qui est une comparaison avec un mouvement.

Le mètre étalon a récemment perdu son aspect matériel. Sa définition n’est plus la mesure bien concrète de la dix millionième partie du quart du méridien terrestre, comme l’avaient si bien vérifié Méchain et Delambre. Elle est devenue 1 650 763,73 fois la longueur d’onde dans le vide de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux 2 p10 et 5 d5 de l’atome de krypton 86 ( ! ! !), puis la longueur du trajet parcouru par la lumière, dans le vide, pendant une durée de 1/299 792 458 seconde. Nous retrouvons la seconde dans la définition du mètre. Le mètre étalon est donc fonction d’une entité ténébreuse, la lumière, et d’une mesure incorporelle, le temps, elle-même définie indirectement en observant une vibration. On ne fait pas plus virtuel ! On remarque aussi que le mètre est devenu une double comparaison avec le mouvement, puisque fonction du temps et du déplacement du photon. De là à dire que le mouvement est l’essence de l’Univers ! ! ! Difficile à admettre pour nous qui avons besoin d’essence pour nos mouvements. Nous voilà revenu à l’idée du temps créé par le mouvement, chère à nos ancêtres.

Récréation :

Fabriquons nous même notre mètre étalon.

Se munir de : Une barre de platine iridié (un tasseau de 20x20 en pin fera aussi bien l’affaire), une lampe de poche, une craie, un atome de césium, une scie, du vide.

Poser le tasseau sur la table de la cuisine, remplir la pièce de vide, placer la lampe de poche en bout du tasseau et l’allumer. Observer alors l’atome de césium et compter les transitions entre les deux niveaux hyperfins de son état fondamental. Au bout de 30,66331899 transitions, faire une marque à la craie sur le tasseau à l’endroit exact ou se trouvent les photons émis par la lampe. Couper à cet endroit avec la scie. Vous voilà en possession d’un mètre étalon dont vous pourrez authentifier l’exactitude.

Soyons sérieux et revenons au temps.

Je voulais une seconde étalon bien matérielle pour pouvoir mesurer des durées. A bien y réfléchir, j’en serais bien embarrassé. Si je veux mesurer le temps parcouru par un coureur de 100m, comment placer ma règle (graduée en seconde) avec un bout au moment du départ, et un bout au moment de l’arrivée ? Quelle drôle de dimension, le temps ! Pour le mesurer, il me faut une règle dont un bout se trouve dans le passé et l’autre bout dans le futur.

Essayons de comparer la mesure du temps à la mesure de l’espace : C’est un peu comme si je devais mesurer une longueur, avec une règle dont je ne peux observer qu’une seule graduation à la fois, et que je ne peux parcourir que dans un sens et qu’une seule fois.

Je m’explique : Je ne vois qu’une seule graduation car seul un instant sur ma règle, le présent, m’est accessible. Je ne peux la parcourir que dans un sens car je n’ai pas le pouvoir de remonter le temps. Enfin, je ne la parcoure qu’une seule fois car le temps passé ne revient plus.

Voilà le problème bien posé. Le temps est une dimension sur laquelle nous n’avons aucune maîtrise. Seul un point du déroulement du temps nous est apparent ; le présent. Le passé n’existe que dans le souvenir que nous en avons dans l’instant présent. Le futur n’existe que dans l’imagination que nous en avons dans l’instant présent. Pour devenir réalité, le futur doit passer par le présent, mais devient aussitôt le passé. Seul le passé ne passe pas. Notre bon Saint Augustin avait bien raison de dire que seul le présent existe et qu’il est éternel. Eternel car c’est toujours lui que nous vivons continuellement.

Nous n’avons pas le pouvoir de remonter le temps, c’est ce que l’on nomme la flèche du temps. Il faudra attendre le 19ème siècle et les lois de la thermodynamique pour que cette flèche du temps apparaisse dans les équations des physiciens. Avant cela, remonter le temps ne posait pas de problème. Par exemple, on peut aussi bien calculer l’heure d’arrivée d’un train en connaissant l’heure de départ et sa vitesse, que calculer l’heure de son départ en connaissant son heure d’arrivée. En thermodynamique il est par contre facile de plonger un glaçon dans un pot d’eau bouillante, mais difficile, partant d’un pot d’eau tiède, d’en extraire un glaçon, l’eau étant alors devenue bouillante. Preuve que le temps ne peut être inversé. La thermodynamique nomme cela l’entropie. L’entropie va toujours en augmentant. Au départ faible, eau chaude et glace, à un état de désordre plus grand, mélange de la glace et de l’eau bouillante.

C’est Leibniz qui nous a dit que l’espace et le temps n’avaient pas de réalités. Ce sont des concepts de relation permettant de situer géométriquement et chronologiquement. En effet, le temps éternel est formé d’instants qui n’ont pas de durée. Comment alors lui donner une réalité.

D’autre part, Kant définit les choses ainsi : Espace et temps ne peuvent être le contenu d’une expérience. Par contre, toute expérience ne peut se faire que dans l’espace et dans le temps.

Conclusion

Un jour peut être, la science ou la philosophie nous donnera une définition plus satisfaisante pour nos esprits, du temps et de sa mesure. Un grand bouleversement culturel s’en suivra sûrement. Mais il y a plus à parier que ce soit nous qui devions nous adapter à des idées qui nous sembleraient irréelles. Encore faut’il que nous soyons près, intellectuellement, à cet exercice qui est d’appréhender des idées nouvelles. La relativité générale aura bientôt cent ans, mais très peu nombreux sont ceux qui pourraient prétendre en avoir compris les principes.

De là à penser que le fonctionnement de notre Univers n’est pas accessible à nos pauvres neurones ! ?

Claude FERRAND

Annexes

1795 Le mètre est défini comme la dix millionième partie du quart du méridien terrestre. La première définition du mètre a été édictée par le décret de l'Assemblée du 1er août 1793, il représentait la longueur du dix millionième du quart du méridien terrestre symbolisé par un étalon en mousse de platine aggloméré de section rectangulaire.

1889 En 1899, la 1ère Conférence Générale des Poids et Mesures sanctionna le prototype du mètre choisi par le Comité International des Poids et Mesures et déclara : "Ce prototype représentera désormais, à la température de la glace fondante, l'unité métrique de longueur."

Le mètre était défini par la distance à 0°C entre deux traits gravés sur le prototype, en platine iridié à section en x, déposé au Bureau International des Poids et Mesures (Pavillon de Breteuil). Cet étalon servit de base de référence internationale jusqu'en 1960.

1960 La définition du mètre change avec les moyens optiques. Le mètre est alors défini comme la longueur égale à 1 650 763, 73 longueurs d’onde dans le vide d’une radiation orangée émise par l’isotope 86 du krypton. La relative imprécision de la précédente définition, 0,1 mm sur 1 mètre, a mené à la recherche d'une nouvelle définition du mètre. La précision de cette nouvelle était estimée être 100 fois supérieure à celle de la précédente.

1967 La seconde est définie comme la durée de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l'état fondamental de l'atome de césium 133.

1983 La définition adoptée le 20 octobre 1983 est la suivante : "Le mètre est la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière pendant une durée de 1/299792458 s. Sa précision potentielle est celle de l'unité de temps 100 000 fois meilleure que celle de l'unité de longueur fondée sur le krypton et elle pourra sans doute être encore améliorée. Cette nouvelle définition s'appuie sur une constante physique universelle et non plus sur un objet matériel ni même sur une radiation émise par une substance particulière. Elle aurait donc de très bonnes garanties de pérennité.

Claude FERRAND

 

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La dernière mise à jour de ce site date du dimanche, 06. janvier 2008